Chroniques des spectacles

Spectacle-concept Longueuil en chansons
Chapelle Saint-Antoine, Longueuil, 27 juin 2007
Pierre Gagnon, concepteur, directeur artistique, scénographe

« Son travail de recherche sur la musique et aussi sur l’histoire, sa présence sur scène autant dans l’interprétation des chansons que dans les petites histoires si bien ficelées et livrées me firent faire un voyage inoubliable dans l’espace-temps. Je tiens aussi à souligner sa prodigieuse incarnation de La Bolduc. Par ce spectacle, le travail artistique de Monique Jutras démontre un savoir-faire de conservation patrimoniale incontestable. »

Spectacle-concept Longueuil en chansons
Parc Régional de Longueuil, 1er juillet 2007
Journal Courrier du Sud, Bernard Aubin, 14 juillet 2007

« Monique Jutras a livré, devant plus de 200 personnes à Greenfield Park, une performance à couper le souffle ! Également détentrice d’une maîtrise en ethnologie, tout en restant très naturelle, cette chanteuse musicienne a su enchaîner les chansons par quelques mots ou phrases de présentation. Son répertoire étant surtout folklorique, elle a chanté, entre autres, des chansons inspirées de la célèbre Bolduc. Outre la guitare, Monique Jutras joue aussi de la bombarde. Sur scène, elle était accompagnée d’un violoniste, Jean-Pierre Joyal, qui tapait du pied à la façon des bons violoneux du temps. Mon épouse, qui court tous les événements culturels en l’honneur du 350e anniversaire de Longueuil, l’a adorée ! »

Spectacle Sur les traces de la Bolduc
Café-spectacle du Palais Montcalm, Québec, 29-30-31 mars 2001
Le Soleil, Québec, Régis Tremblay, 29 mars 2001

LA VRAIE BOLDUC ! Monique Jutras en Mary Travers au Palais Montcalm. « Y paraît qu’est aussi bonne que la Bolduc ! » dit une dame à sa voisine, en attendant le début du spectacle de Monique Jutras, Sur les traces de la Bolduc, au Café-spectacle du Palais Montcalm. Les plus vieux dans la salle n’étaient que des enfants au temps de la Bolduc, mais les légendes ne meurent pas. Il arrive même qu’elles se réincarnent !

Folkloriste patentée et artiste de scène passionnée, Monique Jutras n’imite pas Mary Travers : elle la fait revivre. Bien sûr, elle adopte sa chaude couleur de voix, sa bonne humeur communicative et ses roulements de « r » ; mais elle le fait avec un naturel et une aisance qui ne peuvent venir que de la simplicité et de la franchise.

Tout comme ceux qui ont assisté à la première, hier, les amateurs de folklore qui iront voir Monique Jutras aujourd’hui, demain et samedi, à 20h30, auront droit à plus qu’une enfilade de chansons toniques agrémentées de saines turluteries : ils seront témoins d’un morceau d’histoire, joué par Jutras dans le rôle-titre, par la comédienne Catherine Lévesque dans celui de la pianiste Rose Laframboise et par Jean Gascon dans celui d’un jeune homme d’aujourd’hui.

Quand la turlute des années dures, celles des années 30 marquées par la grande crise, rencontre la jeunesse actuelle, c’est le coup de foudre ! Il faut tout ignorer de la musique sans rides de la Bolduc pour douter de sa santé ! Après avoir poussé un ou deux « Anyway ! », la Gaspésienne irlandaise devenue Montréalaise attaque avec sa toute première composition. Dès les premiers mots, « D’la morue, des turlutes pis du hareng… » les mains sur les tables et les pieds en dessous se mettent d’eux-mêmes à battre la mesure. Un vrai réflexe !

Avec son costume d’époque, sa coiffure et ses pompes à l’avenant, sans parler de son collier de perles, Monique Jutras campe la Bolduc avec un aplomb qui ne s’acquiert qu’avec la connaissance parfaite de son personnage et l’affection profonde qu’elle lui porte. Avec autorité, elle commande à sa pianiste : « En do ! En do ! Rose ! » Et elle enchaîne avec la chanson du Commerçant des rues, qui fait rimer « tomates » avec « vartes ». Quelle verdeur en effet !

De temps, en temps, elle pousse un petit coup d’harmonica, toujours juste et à propos, quand ce n’est pas une passe d’osselets bien sonores et bien nets. Elle se promène dans la salle comme si elle était dans son salon, et met tout le monde à l’aise.

Le seul moment où sa robuste gaieté fléchit un brin, c’est quand elle évoque ces « chers petits malheureux », tous ces enfants morts faute de soins, en pleine crise économique, comme ce fut le cas pour neuf de ses 13 enfants. Mais voilà que je parle comme si j’avais devant moi la vraie Bolduc !

Spectacle Sur les traces de la Bolduc
Marché Maisonneuve, Montréal, été 2000
La Presse, Montréal, Chantal Guy, 1er août 2000

La nouvelle Bolduc revient dans Hochelaga-Maisonneuve. Pour une troisième année consécutive, le circuit patrimonial et théâtral Sur les traces de la Bolduc dans Hochelaga-Maisonneuve est présenté dans ce quartier mal-aimé et méconnu de l’est de Montréal. Depuis trois ans, le spectacle n’a cessé de s’améliorer et de s’adapter au goût du public. La conceptrice, Lorraine Beaudry, qui assure aussi la mise en scène, a poli son bijou pour en faire une perle. On chuchote même chez les habitués que le spectacle n’a jamais été aussi réussi.

Probablement parce que cette année, les comédiens ne se contentent plus de chanter sur des musiques enregistrées : cette année, les comédiens sont aussi musiciens, à commencer par Monique Jutras – la Bolduc 2000 ! – qui s’est fait connaître et a séduit la critique l’an dernier avec son album Complaintes médiévales, en collaboration avec l’ensemble Claude-Gervaise. Chanteuse, musicienne – elle joue de la guitare, de l’harmonica, de l’accordéon et des os de bœuf ! – Monique Jutras est aussi ethnologue, mais affectionne le terme « folkloriste », dont elle fait profession depuis plus de 20 ans. « J’ai hésité avant d’accepter le rôle, car en plus de chanter, je devais jouer », confie-t-elle. « Mais c’était un vieux rêve d’être comédienne et je suis entourée de merveilleux collègues qui me facilitent la tâche. »

Presque toute l’équipe de Sur les traces de la Bolduc a été renouvelée, à l’exception d’Hélène Cadieux, de Marie-France Rooney et de l’excellent Luc Bertrand, qui interprète le guide Jean-Marie de Maisonneuve depuis les tout débuts avec une énergie débordante. Il y a aussi le jeune Alexandre, sept ans, garçon du quartier qui, à quatre ans, s’est pris d’affection pour la troupe et n’a pas manqué une seule représentation. Il est très fier de faire partie du show-business et soutient qu’il connaît toutes les chansons de la Bolduc.

Au départ, Sur les traces de la Bolduc était interprété par des bénévoles et avait pour but de faire connaître le patrimoine du quartier Hochelaga-Maisonneuve. C’est maintenant un véritable spectacle, orchestré par des comédiens-musiciens professionnels (ils sont neuf et se partagent une vingtaine de rôles) sans bouton sur le bout de la langue qui les font bégayer…

Pendant deux heures et demie, les spectateurs se déplacent dans le quartier à pied et en autobus, apprennent à turluter au théâtre Granada, mangent du sucre à la crème dans la ruelle de la Bolduc, dansent sur la pelouse de l’Institut du Radium, le tout sous l’œil complice des résidants du quartier. Après un récital d’orgue – Casavant s’il vous plaît ! – à l’église Très-Saint-Nom-de-Jésus, ça se termine dans la joie et les chansons au marché Maisonneuve, en dégustant une bière… parce que la Bolduc a maintenant une bière à son nom à la compagnie Unibroue ! Ça aussi, c’est nouveau !

Sur les traces de la Bolduc est – on ne peut plus en douter – une très belle réussite qui a su évoluer au rythme de la renaissance du quartier Hochelaga-Maisonneuve, dont le mot d’ordre pourrait être une chanson de la Bolduc, toujours pertinente : « Ça va venir, découragez-vous pas ! »

Spectacle pour enfants Chantons et turlutons
Maison de la Culture de Gatineau, 18 juillet 1999
Journal Le Droit, Ottawa, 19 juillet 1999

« À elle seule, Monique Jutras est une kermesse folklorique. La digne disciple turlutante de la Bolduc a tout le rythme et le bagout pour ensorceler votre jeunesse, à qui elle dévoilera les secrets de l’harmonica, de l’accordéon, de la guimbarde, et des ustensiles… De quoi faire danser yeux et oreilles de vos québécois en pousse. »

Spectacles Chantons et turlutons et Les classiques de la poésie québécoise
Journal L’Eau Vive, Prince Albert, Saskatchewan, Étienne Alary, 2 novembre 1995

SÉDUCTION À PRINCE ALBERT ! Monique Jutras a fait passer les quelques 60 personnes présentes à son spectacle, le 27 octobre dernier, à Prince Albert, par toutes les gammes d’émotions. « Depuis que je suis en Saskatchewan, j’ai vraiment eu un coup de cœur pour les Prairies. Je suis très contente de pouvoir donner des ateliers et des spectacles dans des écoles et de faire deux représentations devant le grand public », souligne Monique Jutras, originaire de Québec.

C’est la Commission culturelle fransaskoise (CCF) qui a permis à Mme Jutras de faire une tournée en Saskatchewan. « Cela fait partie des activités que nous offrons aux écoles. La sélection s’est faite au mois de mai dernier », souligne le coordonnateur culturel scolaire à la CCF, Laurier Gareau. « Mme Jutras nous a envoyé de l’information sur ce qu’elle pouvait accomplir et cela correspondait à nos attentes. Elle a été choisie grâce à ses atouts artistiques et culturels : elle explore la musique folklorique canadienne-française et cela s’intègre bien dans nos projets. Nous pouvons ainsi faire connaître le folklore aux jeunes », explique M. Gareau.

Lors de son passage en Saskatchewan, Monique Jutras a présenté quatorze spectacles dans les écoles à travers la province. Un des deux spectacles offerts par Monique Jutras a été présenté, le 27 octobre dernier, à Prince Albert dans le cadre de la Semaine fransaskoise qui se déroulait au nouveau Centre scolaire communautaire. Ils étaient plus de 60 à assister à cette présentation. « Monique Jutras a séduit beaucoup de personnes lors de son spectacle. Les gens ont demandé un rappel et plusieurs avaient les larmes aux yeux », souligne le coordonnateur de la Société canadienne-française de Prince Albert, Donald Plante. Le spectacle présenté par Mme Jutras s’intitulait « Les classiques de la poésie québécoise ». Les spectateurs ont pu entendre du Claude Léveillé, du Gilles Vigneault, du Félix Leclerc, de la Bolduc et plusieurs autres.

C’est seule, avec tout un arsenal d’instruments que Monique Jutras s’est présentée sur scène. En plus de la guitare, elle joue de l’harmonia, de la flûte, des cuillères et elle turlute également. Elle tente, au travers de ses spectacles, de véhiculer un message sur l’histoire. « C’est un spectacle intimiste que j’offre où les gens apprennent à se découvrir et à renforcer leurs liens avec l’histoire », conclut-elle. Le prochain spectacle de Monique Jutras offert au grand public aura lieu le 5 novembre à Ponteix.

Spectacle-concept Québec en chansons
Accompagnant l’exposition Québec plein la vue au Musée du Québec, Québec, été 1994
Journal Le Soleil, Régis Tremblay, 2 août 1994

Monique Jutras nous fait voir Québec avec les oreilles… et avec les yeux du cœur, jusqu’au 21 août, au Musée du Québec lors de l’exposition Québec plein la vue. Le Musée du Québec est reconnu pour la qualité de son silence, propice à l’admiration et à la méditation. Mais il arrive que ce silence soit enrichi de musique. Ainsi, tous les mercredis et dimanches, à 14h30, Monique Jutras fait chanter l’exposition Québec plein la vue, en interprétant 16 chansons qui décrivent la ville aussi bien que des peintures. Bien sûr, il y a les chansons de Charles Trenest et de Sylvain Lelièvre, mais en poussant ses recherches, Monique Jutras a fait beaucoup de découvertes. Sait-on que Gilles Vigneault a écrit plusieurs chansons sur Québec, et même une série sur le carnaval ?

Les plus vieux réentendront avec nostalgie les chansons de Marius Delisle et de André De Chavigny. Beaucoup seront surpris de découvrir Québec sur un air country de Denis Champoux… Comment chanter Québec sans évoquer la bataille des Plaines d’Abraham, en français et en anglais ? Folklore, chansonnette, ritournelle, tout y est pour célébrer le premier (et dernier ?) bastion de la langue française en Amérique…

Spectacle Les classiques de la poésie québécoise
Centre Communautaire Elgar, Ile-des-Sœurs, 22 mars 1992
Magazine Ile-des-Sœurs, François Vézina, 31 mars 1992

Monique Jutras a présenté le meilleur spectacle de la saison. La chanteuse véhicule des valeurs universelles en utilisant la poésie québécoise. La chanteuse Monique Jutras a réussi à faire participer le public habituellement réservé des spectacles « Sons et Brioches ». Bel exploit. Mais, en plus, elle parvient à véhiculer des valeurs universelles par l’entremise de poésie québécoise et du folklore, ce qui n’est pas nécessairement évident.

En fait, la chanteuse parle beaucoup du pays dans son spectacle mais sans porter le drapeau, sans se laisser aller dans un nationalisme « nationaleux » excluant l’Autre. C’est particulièrement vrai lorsqu’elle dédie la chanson Jack Monoloy « aux autochtones et à tous les peuples qui souffrent à cause du racisme ». Et juste avant son récital, Mme Jutras confiait au MAGAZINE qu’elle trouvait malheureux que les gens associent folklore au nationalisme. « Il y a un danger », souligne-t-elle. « Le folklore, c’est bien plus que la ceinture fléchée ».

S’accompagnant à la guitare classique, Mme Jutras aime interpréter les grands noms de la chanson québécoise : les Vigneault, Leclerc, Léveillé, Lévesque, etc. « Ce sont des œuvres universelles qui veulent dire quelque chose et qui traverseront le temps », explique-t-elle. Selon elle, l’artiste le plus difficile à interpréter demeure Vigneault. « Vigneault, c’est du sport. Il module beaucoup et il y a plusieurs accords », juge-t-elle.

Maître en folklore québécois de l’Université Laval, Mme Jutras œuvre dans le métier depuis 15 ans. « Le folklore, c’est un peu notre classique à nous. Dommage que certains aient voulu le figer à la campagne », lance-t-elle. « Le folklore permet d’étudier l’imaginaire des Québécois », souligne Mme Jutras. « On retrouve plusieurs thèmes médiévaux, des complaintes et bien sûr des chansons grivoises aussi. Et il y a beaucoup de poésie et de richesse mélodique dans le folklore », ajoute-t-elle. Et comme pour prouver que le folklore n’est pas seulement constitué de chansons à répondre, Mme Jutras chante une vieille complainte racontant l’histoire d’un coureur de bois qui s’ennuie des siens. Une très belle chanson. Le meilleur moment du spectacle, selon moi.

Le spectacle qu’elle a donné dimanche dernier au Centre communautaire Elgar ressemble à celui qu’elle avait présenté à la Délégation générale du Québec à Mexico en juin 1991. « Un spectacle que j’avais fait à la demande du ministère des Relations extérieures afin de faire connaître le Québec », mentionne-t-elle. Un spectacle dans lequel l’artiste chantera les saisons – et pas seulement l’hiver – l’attachement à la langue, le caractère pacifique des Québécois et des poètes. D’ailleurs, Mme Jutras interprète deux poèmes d’Émile Nelligan dont l’archi connu Soir d’hiver. Elle en récite un de Raymond Lévesque juste avant de chanter Quand les hommes vivront d’amour. Une bonne idée déjà exploitée par Serge Reggiani qui cite souvent des extraits de Rimbaud, de Prévert ou de Beaudelaire avant d’interpréter une pièce. Mme Jutras aimerait bien ajouter à son répertoire des chansons de Richard Desjardins. « Ce ne sont pas encore des classiques mais elles le seront d’ici quelques années », prédit la chanteuse.

Deux projets lui tiennent à cœur. Elle aimerait dans un premier temps faire un récital qui allierait le chant folklorique au théâtre. Elle aimerait aussi monter un spectacle où elle n’interprèterait que des pièces écrites par ou pour des femmes. « On m’a d’ailleurs reproché de ne pas chanter suffisamment de chansons écrites par des femmes », reconnaît-elle. Dans ce récital, Mme Jutras chante deux chansons de la Bolduc et la très belle Mommy popularisée par Pauline Julien. Et dans le pot-pourri de 15 chansons qu’elle fait à la fin de son spectacle, une seule a été écrite par une femme : Je ferai un jardin de Clémence Desrochers.

« Je ne voulais pas que mon spectacle soit un trip nostalgique et je voulais qu’il soit didactique », lance-t-elle. C’est la raison pour laquelle la chanteuse présente toutes les chansons qu’elle interprète. Elle parvient à bien communiquer au public les valeurs entourant son répertoire. Ce public était beaucoup plus réchauffé que d’habitude et n’a pas hésité à demander un rappel. Miracle ! Un rappel qui a bien résumé le récital. Il s’agissait de Combien de fois faut-il parler d’amour ? de Gilles Vigneault. La réponse est fort simple : toujours !