Journal Le Droit, Ottawa-Hull

Josée Descôteaux, 7 février 2001

Aux oreilles de nos bouts de chou, elles coulent comme de douces caresses pour chasser les monstres de la nuit.  Pour eux c’est tout ce que représentent Fais dodo, Colin mon p’tit frère… et les autres berceuses.  Ce que plusieurs d’entre eux ne savent pas, et que Monique Jutras, chanteuse, musicienne, ethnologue, veut révéler aux plus jeunes comme aux plus vieux, c’est le monde de trésors dont font partie ces berceuses, c’est-à-dire le folklore.

La folkloriste de Québec débutait à l’école de La Source de Gatineau, hier, une tournée de trois jours dans la région, dans le cadre du programme Les artistes à l’école.  « Je leur montre des chansons, je leur montre à turluter, je leur explique d’où viennent les instruments, comment ils fonctionnent… », explique l’artiste, détentrice d’une maîtrise en ethnologie.  Celle qui a trois albums de folklore à son actif (Chantons et turlutons, Complaintes médiévales et La turlute des Little-Delisle) ne s’est pas contentée d’offrir « un spectacle d’une heure incitant les élèves à la passivité », souligne-t-elle.  « Les professeurs peuvent faire une préparation en classe avant », indique-t-elle.  « Beaucoup de contenu pédagogique passe par la pratique des instruments.  Je les sollicite constamment, par exemple, en les faisant chanter », poursuit celle qui participe au programme depuis 1993et qui a également présenté de nombreux spectacles au Québec, aux États-Unis et même en Amérique latine.

À ces jeunes qui risquent de se voir plus tard cantonnés à la musique de guitare électrique, signale-t-elle, elle tente d’ôter les préjugés souvent associés au folklore.  « J’essaie de m’éloigner des stéréotypes, beaucoup de chansons du folklore sont grivoises », précise-t-elle.  Elle utilise par ailleurs le contenu de son disque Chantons et turlutons pour expliquer, par exemple, les origines et la définition de la turlute.  « Les premiers colons français avaient peu de ressources, on utilisait des cuillères pour faire de la musique et on turlutait, c’est-à-dire qu’on chantait des airs de violon avec des onomatopées », explique-t-elle.  Pour les plus jeunes, elle fait appel aux chansons s’adressant davantage aux enfants, celles-là mêmes qui les ont bercés. Pour les plus vieux, dont l’intérêt peut être plus difficile à capter, elle utilise notamment un instrument de musique qui provoque souvent le rire, la guimbarde.